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Deux films d’animation bien différents arrivent sur les écrans français à une semaine de différence. Robots le second film des studios Blue Sky (L’Age de Glace) et Vaillant, des studios Vanguard Animation.

Retour sur le phénomène images de synthèse et critique des deux films.

 

 

 

 

L’Animation par Ordinateur en haut de l’affiche
 

Depuis quelques années l’animation par ordinateur règne en maître sur le box office mondial du cinéma d’animation. A partir de 1999, chaque film créé par ordinateur bat un film d'animation traditionnelle. Cette année là, Toy Story 2, 3ème au box office mondial, triomphe de peu sur Tarzan, qui lui est cinquième. L’année d’après Dinosaure, cinquième mondial, bat Les 102 dalmatiens, 23ème et Kuzco, 25ème. Un film en volume Chicken Run des studios Aardmann réussit à se glisser au milieu de la compétition en arrivant 16ème !

En 2001 c’est le triomphe de Pixar avec Monstres et Cie et de Dreamworks avec Shrek qui arrivent 3ème et 4ème mondial, Atlantis n’arrivent quant à eux qu'à la 21ème place. Puis en 2002 c’est la surprise : L’Age de Glace atteint pour la Fox la 8ème place, laissant loin derrière Lilo and Stitch 17èmes, Le Voyage de Chihiro d’Hayao Miyazaki se glissant à la 16ème place !

En 2003 Pixar remet ça avc Le Monde de Némo qui arrive à la 2ème place, quant à Frère des Ours qui n’est « que » 13ème il sonne le glas pour les films d'animation traditionnelle chez Disney. Plus que la position au box office ce sont les chiffres qui parlent : Némo remporte 864 millions de dollars, Frère des ours en gagne 250 pour un budget équivalent (90 millions) !

Et l’année dernière c’est le triomphe de Dreamworks : Shrek2 arrive n°1 mondial avec 918 millions de dollars, Les Indestructibles (sorti en fin d’année) fini 4ème avec 628 millions de dollars. Dans le même temps La Ferme se rebelle, le dernier Disney en animation traditionnelle, est 52ème, battu par Sponge Bob 38ème !

Cette bataille de chiffres permet de mieux comprendre pourquoi les studios délaissent l’animation traditionnelle : le public est attiré par les images créées par ordinateur. Cet engouement pour les "pixels animés" vient notamment du fait que ces images plaisent autant aux enfants qu’aux adultes, ces derniers pouvant enfin voir des films animés sans avoir l’impression de voir des films destinés aux bambins, puisque quand eux étaient petits ces images n’existaient pas !

On peut bien sûr ce demander ce qu’il adviendra des films en images de synthèse dans 20 ans lorsque les enfants ayant été baignés dans ces film deviendront à leur tour adultes...

Pour l’instant évidemment cette question intéresse peu les studios qui mettent les bouchées doubles pour cette année avec sur les 22 films prévus en sortie : 10 en images de synthèse, 5 en volumes, 1 mixte, 3 en animation traditionnelle, et 3 qui sont …des reprises.

Mais si Pixar et Dreamworks ont la certitude de garder une mainmise sur le box office animé pendant encore quelques années, de nouveaux venus arrivent pour contester cette suprématie (comme la Fox et le studio Blue Sky avec Robots), ou bien pour contester sur un plan artistique (Vanguard Animation et son Vaillant, ou les français d’Attitude Studio et Renaissance, un film tout en noir et blanc et l’un des gros paris de cette année en matière d’animation.)

 

Robots, a walk on the fun side!
 

Depuis l’avènement des génies japonais comme Takahata et Miyazaki ou de Brad Bird et de sa collaboration avec les studios Pixar, une grande partie des journalistes a enfin compris que le cinéma d’animation pouvait aussi avoir un fond psychologique fort, les personnages se mettent à réfléchir, racontent leurs problèmes...

Certes ce n’est pas une découverte si vous connaissez les nombreux courts métrages animés qui circulent dans les festivals, ceux-ci parlent de sujet souvent ardues en utilisant les nombreuses techniques qui font la richesse et la diversité de l’animation. Mais c’est vrai que le long métrage pendant longtemps cantonné aux films pour enfants, n’a pas vraiment permis de développer des sujets plus adultes, même s’il y a fort heureusement des auteurs qui font exception : Ralph Bakshi (Fritz the Cat, Wizards…), René Laloux (La Planète Sauvage, Gandahar) et quelques autres (Laguionie, Plympton…).

Aujourd’hui les longs métrages d’animation sont enfin pris au sérieux. Il ne faudrait pourtant pas qu’en réaction à des années de cantonnement à un rôle de films pour les enfants on l’enferme de nouveau dans autre chose ! Car le cinéma d'animation n'est pas uniquement un genre de cinéma mais bien une cinématographie à part entière - et qui peut par conséquent se décliner sous différentes formes : fantastique, romantique, dramatique, comique… -

Si je me permets de faire ce préambule à la critique de Robots, c’est que les premières critiques américaines reprochent notamment au film des personnages un peu creux psychologiquement, et dont les relations ne sont pas très poussées. Ne les écoutez pas ou plutôt sachez qu’en allant voir Robots vous allez voir un très bon divertissement rien de plus, mais rien de moins non plus !

Synopsis
 
Robots est avant tout une histoire d’apprentissage, thème très cher aux films d’animation. Le jeune robot, Rodney Copperbottom, est inventeur et veut partir à Robot City pour rencontrer Bigweld, le plus illustre des inventeurs, et devenir à son tour célèbre. Lorsqu’il arrive à RobotCity les choses ne se passent cependant pas vraiment comme il l’avait prévu ! Bigweld est remplacé par Ratchet, un entrepreneur sans vergogne ! Mais avec l’aide de robots hauts en couleurs, notre héros va clarifier la situation...
 
Critique
 

Vous l’aurez compris à la lecture de ce scénario, il n’y a rien de révolutionnaire dans l’histoire de Robots. Le plaisir se trouve ailleurs, tout d’abord dans l'animation. Après le monde enneigé de L’Âge de glace on pourrait penser que les studios Blue Sky et le réalisateur Chris Wedge (co-réalisateur de L’Age de Glace) se sont facilité la tache. En effet en situant leur film dans un univers de robots ils savent que tout est à créer, il n’y a pas vraiment de problème de réalisme, pas de problème de textures vivantes (poils, peau, cheveux...) Et là, première très agréable surprise : les créateurs de Robots se sont appliqués à créer un univers complexe et superbement animé, il y a de nombreux détails et rien n'est laissé au hasard : nous sommes dans un monde de fer et d’acier, dans un monde rempli de reflets, de rouille, d’usures, et tout cela est magnifiquement décrit et animé. Les inventions en référence au monde humain sont de tous les instants : la naissance, -très particulière - du petit Rodney, ses premiers pas, son arrivée dans la ville et les gens qu’il rencontreà la gare, sans oublier la transposition des codes du monde humain à ceux des robots (les signes sur les portes des toilettes : prise mâle pour les hommes et femelle pour les femmes, les massages deviennent des ponçages, etc …)

Ensuite pour croire à un univers il faut que le spectateur s'imagine qu’il existe depuis longtemps, bien avant que le film ne soit fait, et c’est un premier tour de force réussi par Chris Wedge et son équipe, à noter que pour cela ils ne poussent pas trop l’anthropomorphisme, notamment dans l’animation des bouches, celles-ci n’ont pas de mouvements « élastiques » comme les bouches humaines, elles ont une seule forme qu’elles gardent tout le long du film.

La deuxième réussite du film ce sont les dialogues. Nous sommes dans une bonne comédie américaine et les échanges entre les personnages sont souvent très drôles, usant et abusant de jeux de mots « mécaniques » avec des références au cinéma américain, par exemple Star Wars  «The force is strong with him !», c'est ce que dit Fender, le personnage incarné par Robin Williams, à propos de Rodney, interprétépar Ewan Mc Gregor (qui joue Obi Wan Kenobi dans la nouvelle trilogie Star Wars), mais aussi Le Magicien d’Oz, Braveheart, … Contrairement à certains films d'animation qui usent et abusent de références cinématographiques, les références-clin d'oeil de Robots ne lassent jamais car elles sont finalement utilisé de manière assez fine et sporadique…

Enfin, a troisième réussite, et pas la moindre, est d’avoir donné le rôle de Fender à Robin Williams. C’est d’autant plus un plaisir que l’acteur n’avait plus doublé de personnages pour un film d’animation depuis ses deux incroyables partitions de la chauve souris échappée d’un laboratoire dans Ferngully, et bien sûr du génie dans Aladdin en 1992 (exception faite des suites d’Aladdin qui sont sorties directement en vidéo). Robin Williams excelle dans le doublage et il le prouve encore une fois rendant son personnage encore plus fou et virevoltant qu’il ne l’est déjà à la base ! Ca fuse de tous les cotés, et cela nous rappelle qu’avant d’être un acteur de cinéma il est avant tout un génial comédien de Stand Up Comedy (One Man Show). D’ailleurs l’acteur a visiblement repris goût au doublage puisqu’il devrait faire une voix dans le prochain film animé de George Miller. Le reste du casting est très bien aussi avec notamment une excellente interprétation de Mel Brooks dans le rôle de Bigweld.

A noter aussi deux incroyables réussites visuelles : une séquence de dominos qui tombent les uns après les autres et la découverte de Chop Shop (la casse où finissent les robots usagés) sur fond de Tom Waits !

Pour conclure, Robots est une vraie réussite dans le domaine du divertissement. Drôle, percutant, enlevé, on ne s’ennuie pas une seule minute, à condition bien sûr de se laisser aller et d’aller voir le film juste pour le plaisir !

 

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Toutes ces images sont copyright © Twentieth Century Fox France

 

Les artisans de la 3D : Vaillant
 

L’un des coté positif de l’arrivée de l’ordinateur sur le marché de l’animation est bel et bien la démocratisation que cela a apporté aux studios pour faire des long métrages. Car si les outils (ordinateurs, logiciels) étaient encore très chers il y a quelques années, les prix ont beaucoup baissé depuis, permettant à des studios qui n’auraient jamais pu produire des long métrages de se lancer dans l’aventure.

C’est pour cette raison que John H.Williams, producteur des deux Shrek, décide de créer à l’intérieur de sa société Vanguard Films Productions, une unité animation. En 2002 il s’associe avec Curtis Augspurger et Buckley Collum, les fondateurs de Menace FX (une société d’effets spéciaux), et ensemble ils créent Vanguard Animation. Le premier projet à sortir de cette compagnie américaine, dont le studio d’animation est situé en Angleterre aux studios Ealing, est Vaillant.

 
Synopsis
 
Vaillant c’est le nom d’un petit pigeon un peu frêle qui veut s’engager dans le mythique Régiment d’honneur des Pigeons Secrets. Nous sommes en Angleterre, 1944, la guerre a fait des ravages dans les rangs des pigeons du fameux régiment, une campagne de recrutement est menée. Vaillant sait que c’est sa chance ! Il décide de partir à Londres pour s’engager. Une drôle d’équipe se forme autour de Vaillant, formée d’un pigeon roublard mais sympathique, deux frères un peu imbéciles et un « Sir » sorti tout droit de la noblesse anglaise. Puisqu’il n’y a plus aucun pigeon d’élite valide c’est à eux que va incomber la rude tâche d’aller récupérer un plan en France, sans tomber dans les griffes des faucons allemands, et ainsi sauver le monde libre…
 
Critique
 

Comme pour Robots il s’agit d’un récit d’initiation, d’un passage de l’enfance à l’age adulte, et comme pour Robots le personnage principal est interprété par Ewan Mc Gregor. Ce sont les uniques points communs entre les deux films, en plus de la technique employée, bien sûr !

Car dans Vaillant nous ne sommes pas dans un monde inventé, ici les pigeons survolent la campagne, la mer, la ville, il faut donc donner vie à un univers très familier. Le pari est plutôt réussi, sauf pour la mer dont l’animation n’est pas vraiment satisfaisante, trop « raide », trop « carrée »... sinon la campagne anglaise est particulièrement réussie. Mention particulière à l’ambiance des scènes qui se passent en France. Lorsque nos héros arrivent en France il fait nuit et ils « débarquent » à coté d’une église bombardée, l’atmosphère est lourde, nous sommes dans un pays occupé et on le sent bien. La rencontre avec la résistance française et sûrement l’un des moments les plus drôles du film ! Et puis il y a les personnages tous très attachant, et ce n’est pas si évident que cela de rendre un pigeon sympathique, mais ici ça fonctionne et on finit par se prendre d’affection pour Vaillant.

Les voix sont toujours très importante dans un film d’animation, ici outre Ewan Mc Gregor, on appréciera la performance de John Cleese (des Monty Python) et surtout celle de Tim Curry dans le rôle du Général Allemand. Le superbe interprète du Diable dans Legend ou du Dr. Frank-N-Furter dans Rocky Horror Picture Show s’est fait une spécialité du doublage de film d’animation aussi bien série que long métrage, mais on retiendra surtout son rôle du terrible Hexxus dans le fim de Bill Kroyer : Ferngully et désormais son rôle du faucon allemand dans Vaillant.

Le film ne fait pas trop de références ce qui est appréciable en ces temps où tout film d’animation se doit de les multiplier, ici elles sont même plutôt réservées au public adulte : la parodie des informations au cinéma (Birds on the march), le nom d'une des souris de la résistance française, le fameux test de Rorschach et même une histoire de baiser français…

Vaillant s’essaye même à montrer un peu la dureté de la guerre : des pigeons voyageurs sont abattus en début de film, les tanks sillonnent les villes. Cela dit, on est malgré tout très loin d’un chef d’œuvre comme le Tombeau des Lucioles de Takahata Isao !!!

En définitive, Vaillant est un film bien agréable qui, s’il s’essouffle dès fois un peu au niveau du rythme, est l’une des bonnes surprises de ce début d’année.

Le film a été acheté aux Etats Unis par Disney qui espère peut-être pouvoir remplacer Pixar, en partance vers un autre distributeur, même si rien n’est encore vraiment décidé !

En tout cas Vanguard Animation a déjà commencé la réalisation de son prochain projet : Happily N’Ever After, une nouvelle vision des contes de Fées (si je ne me trompe cela a déjà été fait par le même producteur …). Puis il devrait y en avoir d’autres puisque avant de commencer Vaillant, Vanguard Animation avait annoncé sa volonté de produire une dizaine de films, ce qui n’est pas étonnant vu que Vaillant à coûté 40 millions de dollars soit deux fois moins que les productions Dreamworks ou Pixar.

Quelque chose me dit que la folie des longs métrages en images de synthèse n’est pas prête de s’arrêter, en tout cas pas pendant les 20 prochaines années…

 
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