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© Bac Distribution

Voir interview de Jacques-Remy GIRERD

 

LA PROPHETIE DES GRENOUILLES : LE PARI FOU DE FOLIMAGE

Année faste pour le cinéma d'animation française. Pour clore en beauté cette année exceptionnelle sort début décembre le premier long métrage du célèbre studio Folimage : La Prophétie des Grenouilles. Lorsqu'en 1984 Jacques-Remy Girerd crée le studio Folimage, il est loin d'imaginer que 20 ans après il sera le premier depuis Paul Grimault (Le Roi et l'Oiseau) à fabriquer un film entièrement sur le territoire français. C'est en 1998 que commence l'aventure de la Prophétie, tout d'abord par un traitement très romancé écrit par Jacques-Remy Girerd qui va être retravaillé pendant plus de deux ans avec Iouri Tcherenkov, réalisateur de La grande migration et Antoine Lanciaux. Le scénario va alors lentement se mettre en place. La production en elle-même va durer plus de trois ans, au rythme de huit à dix secondes d'animation par jour avec une équipe de deux cent cinquante personnes, pour un total final de plus d'un million de dessins. Et enfin il faudra un an de post production, soit près de six ans de travail pour que les une heure trente de film débarquent sur les écrans. Beaucoup de chiffres mais en animation, comme ailleurs, ce n'est finalement pas le plus important. L'histoire et le graphisme font la vraie réussite d'un film, et ce pari est gagné par La Prophétie.

 


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DES THEMES IMPORTANTS

C'est à une nouvelle version de l'histoire de l'arche de Noé que Jacques-Remy Girerd nous convie : des grenouilles se rendent compte que, d'après leurs calculs, il va pleuvoir pendant 40 jours sur la Terre. Elles vont essayer de prévenir les humains par le biais de deux enfants. Avec l'aide du père adoptif du petit garçon, un vieux marin du nom de Ferdinand (doublé par Michel Piccoli), ils vont tenter de sauvegarder le zoo des parents de la fillette, ces derniers étant partis en Afrique. Ils seront aidés par Juliette, la compagne africaine de Ferdinand. L'histoire, assez simple en elle-même, se permet d'aborder des sujets importants comme la création du monde, expliquée de manière très didactique d'un point de vue scientifique, la mort (celle présumée des parents de Lili), de la vie après la mort (dialogue entre les deux éléphants), l'écologie, la sexualité (2 insectes faisant l'amour). Tout cela sans morale excessive. L'expérience acquise sur les productions des deux très belles séries pour enfants, Ma Petite Planète Chérie, traitant de l'écologie, et Le Bonheur de la Vie, qui parle de sexualité, y est sûrement pour beaucoup. On regrettera juste le coté un peu trop caricatural des méchants : on sent que les trois scénaristes n'ont pas été très à l'aise dans cette partie de l'histoire. De plus, leurs graphismes et leur animation ne sont pas des plus réussis.

 


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UN GRAPHISME ORIGINAL

Mis à part cette faiblesse, le film est servi par un superbe graphisme. Celui-ci, l'œuvre de Iouri Tcherenkov, est très original et rarement vu dans un long métrage. La volonté ici n'est pas d'aspirer au réalisme mais de trouver force et originalité dans les personnages et les décors. La séquence de la tempête, notamment, est superbe, l'eau stylisée évoquant même la célèbre vague d'Hokusaï. Et ceci nous renvoie à l'une des véritable fonction du cinéma d'animation qui est de recréer des mondes imaginaires en se nourrissant de notre monde réel. Jacques-Remy Girerd ne recherche pas à faire des prouesses techniques, ce sont les émotions qui doivent l'emporter. L'animation dans La prophétie parvient à exprimer des sentiments passagers, légers, des gestes rapides, ce qui rapproche le film de l'univers de certaines des réalisations de Miyazaki et Takahata. A noter que pour réussir ce film, tout le monde à Folimage à mis la main à la pâte puisque l'on retrouve au générique : Michaël Dudok de Witt (Le Moine et le Poisson, Père et Fille) qui a animé les deux éléphants. Alors que Jacques-Remy Girerd travaille déjà sur son nouveau long métrage, Mia et le Migou, espérons que La Prophétie des Grenouilles attire de nombreux spectateurs dans les salles. C'est tout ce que l'on peut souhaiter à ce film audacieux.

 


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FOLIMAGE : UNE AVENTURE REUSSIE

C'est en 1984 que Jacques-Rémy Girerd décide de créer Folimage, à l'époque c'est la télévision (série et publicité) qui permet au studio de fonctionner. Très rapidement la petite compagnie va grandir en imposant un ton particulier grâce à des séries éducatives sur l'écologie (Ma petite planète chérie), ou sur la sexualité (Le Bonheur de la vie). En 1988 le studio est couronné par un César pour Le Petit Cirque de toutes les couleurs et obtient de nouveau cette récompense pour Le Moine et le Poisson de Michaël Dudok de Wit en 1996. Très rapidement de nombreux auteurs vont participer à la réussite de Folimage grâce à la Résidence d'artistes et notamment Iouri Tcherenkov qui y réalisera La Grande Migration. Et le succès dans les salles de cinéma arrive avec le joli conte de Noël L'Enfant au grelot, qui auréolé de nombreux prix dont le Cartoon d'or 1998, réussit à attirer plus de 300 000 spectateurs. Jacque-Remy Girerd non content d'avoir crée l'un des studios phare de l'animation européenne décide de créer en 1999 La Poudrière, une école du film d'animation destinée à former de jeunes talents européens à la réalisation épaulés par les talents confirmés de Folimage. Véritable succès à en juger par les premières promotions qui remportent de nombreux prix dans les différents festivals internationaux.

 


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LES VOIX DE LA PROPHETIE

Les dessins animés français n'ont jamais vraiment brillé par le soin extrême porté aux voix des personnages et seul Corto Maltese a, récemment, été une réussite dans ce domaine. Mais pour La Prophétie des Grenouilles Jacques-Remy Girerd a porté un soin tout particulier au choix des voix. Il a même écrit certains personnages en pensant directement à un acteur, la personnalité de celui-ci influençant même l'écriture des dialogues (notamment Michel Galabru pour le rôle d'un des éléphant). Pour le reste de la distribution nous sommes tout autant gâtés. A commencer par le vieux marin interprété par Michel Piccoli, qui pousse même le chansonnette à quelques reprises ! Luis Rego en propriétaire de zoo, un peu fou, Laurentine Milebo qui campe une Mama très singulière, et les voix des enfant sont très convaincantes. En ce qui concerne les animaux, c'est une ménagerie très hétéroclite qui nous est généreusement proposée. Avec au coté de Michel Galabru dans le rôle de l'autre éléphant, Annie Girardot, dans celui d'un porcinet Jacques Ramade, de la girafe, Pef des Robin des bois, Anouk Grimberg dans le rôle de la tortue. Mais on appréciera tout particulièrement le loup grincheux joué par Romain Bouteille et le vieux lion admirablement interprété par un Jacques Higelin en grande forme ! Tous ces acteurs réussissent parfaitement à " habiter " chacun des personnages qu'ils incarnent, et sont indéniablement l'une des grandes réussite du film.

 


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Liens :

www.folimage.com
www.laprophetiedesgrenouilles.com