• Public concerné : à partir de 8 ans, écoles, Collèges
  • Film d’animation avec des marionettes d’Anders Ronnow-Klarlund
  • Film danois
  • Durée : 1h31
  • Année de production : 2003
  • Production : Bald Film
  • Distributeur : Haut et Court


    Sortie le 16 février 2005

 

 

 

Il y a des films courageux. Le Fil de la vie fait partie de ceux là. Alors que l’on assiste au triomphe du numérique dans l’animation il est fascinant de constater que des producteurs et des réalisateurs sont encore assez fous pour faire un film en utilisant uniquement des marionnettes.

L’histoire est simple et peut être comprise par presque tous les âges. L'empereur d'Hébalon meurt dans des circonstances dramatiques emportant dans la tombe le terrible secret. Comme les Hébaliens craignent que leurs ennemis de toujours, les Zérith, ne profitent de cette situation troublée pour les attaquer, la loi martiale est déclarée. Les lourdes portes de la ville se ferment, personne ne peut plus y entrer. Le Fil de la Vie raconte l'histoire d'un jeune prince, Hal Tara, fils de l'empereur d'Hébalon, qui va entrepredre un long voyage pour venger la mort de son père. Ce chemin vers la vrité le mènera de manière inattendue vers le grand amour...

A partir d’une histoire vieille comme le monde, Anders Ronnow Klarlund réussit une belle métaphore sur notre monde, même si elle peut, à certains moments, apparaître comme un peu simple, voire simpliste.

Et puis il y a la partie technique du film et là le contrat est rempli. Le mouvement des nombreuses marionnettes est impeccable, la fluidité entre les personnages lors des combats est impressionnante. Si nous ne sommes pas dans de l'image par image nous sommes bien dans un film d'animation dans l'acceptation étymologique du mot "animare" en latin : donner du mouvement, donner la vie. Et si les marionnettes sont si vivantes ce n'est pas seulement grâce à leurs mouvements ou leurs expressions (celles-ci sont efficaces mais forcément peu nombreuses), mais c'est avant tout grâce à leur environnement. Car l ’effort fait au niveau des décors et des lumières est prodigieux et permet de créer une ambiance plutôt rare dans ce style de cinéma. Imaginez que pendant tout le film ces marionnettes vont se trouver confrontées à toutes les forces de la nature (eau, feu, poussière, neige...), tout cela de manière très réaliste !
Alors même si vous n'êtes pas complètement convaincus par le propos du film, vous devriez l'être par la beauté et la technique deployées dans ce film danois assez unique.

 

 

 

Alexis Hunot : Quand vous avez eu l’idée de réaliser Le Fil de la vie, était-ce avant tout pour réaliser un film avec des marionnettes ? Comment avez-vous décidé de l’histoire ?

Anders Ronnow-Klarlund : Ma co-scénariste, Naja Marie Aidt, et moi avions commencé à écrire une histoire bien différente qui parlait du temps dans lequel nous vivons : avec ses guerres, ses peurs et ses terreurs. Mais nous n’étions pas satisfaits car nous collions trop au thème ; il nous fallait être plus allusifs... Par exemple, le problème avec un film comme Fahrenheit 9/11 de Michael Moore c’est qu’il ne fait finalement pas avancer les choses. Ceux qui pensent comme lui sont réconfortés dans leurs opinions, et ses opposants ne sont pas convaincus par son propos. Le conte de fées, lui, peut faire disparaître ces différences car il nous éloigne de notre temps. Cela nous permet de mieux nous concentrer sur un seul et unique problème, avec une vision humaine et non politique. C'est après avoir décidé d'utiliser le cadre intemporel du conte que j’ai eu l’idée de faire un film utilisant des marionnettes. Cela nous permettait d’apporter de l’innocence à l’histoire, pour décrire le monde de guerre dans lequel nous vivons. Cela permettait aussi de ne pas être trop manichéen.

Est-ce qu’il était nécessaire pour vous que le film s'adresse aussi aux adultes ?

A. R.-K. : Oui pour nous cela paraissait évident, il fallait que l’histoire puisse parler aussi bien aux enfants qu’aux adultes, tout comme Hans Christian Andersen le faisait.

Etait-il important pour vous que les fils des marionnettes soient visibles ?

A. R.-K. : Oui pour nous dés le début il était évident que nous devions voir les fils. Ils représentent l’élément purement existentiel qui nous rappelle que nous sommes tous liés les uns aux autres. Chaque action que nous faisons interagit sur quelqu’un d’autre. Les fils sont la matérialisation de cet état de fait.

Le film est déjà un incroyable challenge, chaque marionnette ayant un grand nombre de fils, de plus vous avez de nombreuses scènes de combats. Cela a du être un cauchemar pour les marionnettistes ?

A. R.-K. : Pour plusieurs scènes cela n’a pas été un cauchemar mais plutôt un véritable tour de force, proche de l’impossible. Mais notre maître marionnettiste Bernd Ogrodnik est un véritable génie, c'est lui la vraie star du film, et il s’est battu comme un vrai guerrier pendant de très longues heures chaque jour pour justement réussir à faire l’impossible. Lors de la dernière scène du tournage, des larmes se sont mises a couler le long de ses joues pendant de longues minutes. La pression et la fatigue a été très forte, car aux journées de tournage se succédaient de longues nuits où il fallait construire et réparer les marionnettes.

Et pour rajouter à la difficulté du tournage, vous vous êtes imposés des contraintes en plus : la pluie, la neige...

A. R.-K. : ...en effet : la pluie, la neige, les tempêtes de sable, le feu, la poussière, tout cela a été vraiment terrible. Les marionnettes se cassaient sans arrêt, la peinture s'écaillait … Mais tout cela était nécessaire pour sortir un peu du cadre traditionnel du film d’animation. Il fallait créer quelque chose de nouveau.

Oui car l’ambiance que vous réussissez à créer dans le film est assez incroyable : il y a une grande variété de couleurs, de nombreux et magnifiques décors. Il était pour vous important, parce qu’il s’agissait d’un film de marionnettes, de créer une atmosphère très particulière ?

A. R.-K. : Oui bien sûr, le visuel, l’atmosphère du film étaient vitaux . Les personnages n’ont pas énormément d’expressions faciales et donc il fallait que tout ce qui se situe autour d’eux raconte aussi l’histoire et puisse refléter les sentiments et les peurs des personnages. Et c'est aussi pour ça qu'il fallait que l'on puisse confronter nos marionnettes à de nombreuses intempéries, il fallait que l'environnement leur insuffle un supplément d'âme!

Merci

 

 

 

cliquer sur l'image pour l'agrandir