Interview Sung Baek-Yeop réalisateur d'Oseam

 

Festival d'Annecy - juin 2004



 

Alexis Hunot Est-ce que vous réalisez votre storyboard vous-même ?
Sung Baek Yeop : Oui. Pour Oseam le texte original était trop court, j’ai donc commencé par faire le storyboard basé sur l’histoire originale. J’ai ensuite développé le scénario et au fur et à mesure que je faisais ce travail, je complétais le storyboard.

Est-ce vous qui avez créé les personnages ?
Non, ils ont d’abord été dessinés par d’autres artistes. Puis je les ai adaptés à ma manière.

Comment réussi-t-on a créer des personnages qui appartiennent tout à la fois au monde de l’animation, de par leurs mouvements, et au réel, par leurs sentiments ?
C’est très difficile de faire des enfants en animation parce que c’est écrit par des adultes. Heureusement je me suis aidé de mes trois filles, j’ai pris des photos mais je me suis aussi servi de leurs comportements. Les attitudes du visage ou de leur corps quand elles font des activités. Car les sentiments doivent transparaître dans leurs mouvements, dans leurs expressions. Je me suis surtout inspiré de ma seconde fille !

L’une des grandes réussites d’Oseam, c’est que votre film est au départ destiné aux enfants. Pourtant vous réussissez à toucher les adultes...
En fait le texte original est destiné aux adultes et moi je voulais exprimer la pureté et les expressions des enfants. Donc j’ai voulu que la profondeur de cette histoire reste mais en même temps pour que cela puisse plaire aux enfants j’ai rajouté des moments drôles pour attirer leur attention. Tout cela sans déranger la profondeur de l’histoire bien sûr.

Est-ce que le choix de l’animation traditionnelle a été évident, dans le sens où cela permet de toucher les gens peut-être plus que l’animation par ordinateur ?
Le choix de la 2D est lié à ce que je viens de dire. Le sujet de ce film refuse par lui-même l’utilisation de la 3D, enfin c'est mon avis ! Parce qu’en utilisant la 3D on crée de la froideur, de la dureté. J’ai voulu que ce film reste très doux, très chaud au cœur mais il y a quelques moments créés par ordinateur dans le film, notamment dans la scène du ruisseau, pour la tombée de la neige, mais j’ai essayé d’en faire le moins possible !

Vous faites un film que j’imagine être très coréen, pas comme d’autres films venant de Corée qui sont très largement inspirés par l’animation japonaise et américaine. Quelles sont vos influences dans l’animation et hors animation ? 
J’avais vraiment l’intention de ne copier aucun style. J’ai beaucoup étudié pour justement éviter les similarités avec le cinéma d’animation japonais. J’ai surtout essayé d’éviter l’expression d’un cinéma japonais très stimulant, très excessif !
Il y a des spécificités dans le cinéma japonais, notamment au niveau des mouvements et du timing, j’ai essayé de m’en dissocier le plus possible..
En ce qui concerne mes influences, ce sont plutôt des gens que j’admire que de vraies influences. Il y a bien sur M. Takahata en animation, et en prise de vues réelles M Im Kwon Taek.

La fin est très religieuse, n’avez-vous pas peur qu’elle apparaisse un peu obscure pour le public occidental ?
...même pour le public coréen ! Oui bien sûr ça été quelque chose qui m’a préoccupé dès la conception du film. Le texte original est une légende bouddhiste et elle est encore plus religieuse que le film ! J’ai donc dilué la thématique religieuse dans le film dans la mesure du possible. Au début, la présence du moine n’est pas à prendre en tant que présence religieuse, mais à la fin il était important qu’elle le reste. J’ai voulu garder la fin du texte original. C’est une légende bouddhiste donc si j’avais voulu respecter le texte cela serait devenu un film très religieux. Mais j’ai choisi ce texte car l’histoire est avant tout très bonne. Je pense que c’est l’histoire de ces enfants qui est la plus importante, la religion est plus là comme un décor. Je pense finalement que cette histoire n’est pas si religieuse que cela ! 

Travaillez vous sur un nouveau long ?
Cela va prendre du temps je pense ! (rires). J’ai commencé à le préparer mais je pense que faire un scénario complet est très important avant de commencer la production et pour l’instant c’est loin d’être terminé !

Merci M. Sung Baek-Yeop .

 

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